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Interview Richard Douieb
27/05/2019 – Tel-Aviv, Israël
Est-ce que le Krav Maga est adapté à tous ?

Le Krav Maga est adapté à tous mais chacun fait en fonction de ses possibilités. Si quelqu’un est jeune ou âgé, les possibilités ne seront pas les mêmes. Naturellement, c’est aussi en fonction de sa détermination… et aussi en fonction des objectifs de chacun.

Quelqu’un arrive à 50 ans au Krav Maga, il a peut-être envie d’apprendre le mouvement qui va lui sauver la vie, on ne sait jamais, si on parle des cas les plus extrêmes. Quelqu’un qui arrive et qui a 15 ans, qui a envie pourquoi pas de devenir professeur et d’être très bon en combat, lui n’aura aucune limite s’il est très déterminé. C’est donc variable et c’est la personne qui va pratiquer le Krav Maga de son choix.

Peux-tu nous faire un bref historique du Krav Maga ?

Le Krav Maga est arrivé dans les années 40, auparavant chaque groupe dans ce qui devait devenir l’Etat d’Israël travaillait en fonction de la connaissance du professeur. En Galilée au nord c’était un professeur de boxe, à l’Est c’était un professeur de jujitsu, à l’Ouest c’était plutôt on va dire la lutte et tout ça, on l’appelait par un nom qui était Krav Panim El Panim (KAPAP) qui veut dire combat face à face .

Par la suite Imi – Imrich Lichtenfeld – est arrivé, il enseignait lui aussi un KAPAP et il a commencé à édifier une méthode qui devait devenir le Krav Maga. Voilà l’histoire du Krav Maga qui a été au départ pour la Haganah qui allait devenir Tsahal et ensuite de cela, Imi a été nommé responsable instructeur en chef de l’armée israélienne.

En 1964, le Krav Maga n’a plus été classé secret militaire et il a commençait à former les premiers professeurs – Raphy El Grissi, Eli Avikzar, Haim Zut – puis la seconde génération dont je fais partie. Habitant Netanya, j’ai eu la chance d’avoir Imi presque à tous les cours de Raphy El Grissi et beaucoup d’Eli Avikzar. Nous avions le privilège d’avoir sur une heure de cours, un quart d’heure avec Imi. Comme j’en faisais trois heures, j’avais quarante-cinq minutes par jour, c’était fabuleux.

En 1980, Darren Levine s’y est intéressé, c’était un américain venant de la Californie qui a appris la discipline avec nous puis Eyal Yanilov l’a rejoint au Etats-Unis pour continuer de lui enseigner le Krav Maga.

Pour ma part, en 1980, je suis revenu en France, j’y ai fait des compétitions d’autres sports de combat et en 1987, j’ai ouvert la première école en France et en Europe de Krav Maga. Par la suite, en 1997, j’ai créé la Fédération européenne de Krav Maga (FEKM). Entre temps, le Krav Maga a été connu dans beaucoup d’autres pays grâce à l’intervention d’autres courants que le nôtre.

En Europe, nous avons eu de plus en plus de pays qui se sont intéressés à notre fédération et nous avons pu diffuser notre discipline à travers beaucoup de pays.

Selon toi, qu’est-ce que le Krav Maga peut apporter à l’entreprise et ses salariés ?

Ce qui est intéressant dans la formation d’entreprise, ce n’est pas tellement que les gens deviennent des champions de notre discipline mais c’est qu’à travers les Arts Martiaux, on peut bénéficier d’autres qualités. Des qualités de meilleures contrôle de soi, de recule, peut-être d’une plus grande objectivité, si on est stressé, d’un retour au calme un peu plus rapide. Dans ce cas-là, notre discipline va servir par le biais des sensations qu’elle procure, elle va pouvoir servir la personne autrement que pour apprendre à se défendre. Le Krav Maga cela pourrait être un moyen pour les salariés d’arriver à se perfectionner dans tous ces domaines.

Quelles sont les techniques les plus importantes à connaitre ?

Les techniques les plus importantes à connaitre sont les plus faciles à enregistrer. Si on doit apprendre à se défendre, dans une bagarre le plus dangereux, c’est ce qui va nous frapper le plus rapidement. C’est-à-dire un coup de poing direct, un coup de pied direct, éventuellement une claque, un coup de pied circulaire. Ce qu’il faut bien retenir c’est que notre défense doit être plus simple que l’attaque. Si l’attaque est très simple, elle sera très dangereuse car elle arrivera à nous très vite.

Nous devons non pas améliorer nos réflexes mais apprendre à éduquer nos réflexes. De telle manière que notre réponse doit être la plus courte et simple possible. Et aussi, mais ce n’est pas si facile que ça, apprendre le sens du timing, c’est-à-dire plus que tout apprendre à partir au bon moment.

Si jamais on n’est pas prêt, c’est souvent le cas sur une attaque inconnue à l’avance, ne serait-ce qu’un pas de retrait c’est vraiment très important. Un pas de retrait pour éventuellement partir ou alors si on est obligé, reprendre la suite du combat ou d’une bagarre en sachant déjà qu’il y a danger.

Plus important que la technique, c’est peut-être de travailler le courage. Le courage nécessite un entrainement qui peut prendre plus de temps, on n’est pas toujours égaux quant au courage que chacun de nous possède déjà avant même de pratiquer le Krav Maga.

Que peux-tu souhaiter à Hors de Conflit ?

Je souhaite à HDC que votre action soit utile. Que vous puissiez vraiment transmettre, non pas un message d’endoctrinement sur la fédération européenne ou le Krav Maga mais avant tout, que celui qui sorte de votre formation ait vraiment acquit un plus naturellement grâce au Krav Maga et grâce à notre façon de voir les choses et de pratiquer.

Propos recueillis par Michael Obadia, 27/05/2019 – Tel-Aviv, Israël